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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/265

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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

pogriffe qui le transporte dans les régions célestes, et de ne pas savoir le conduire et cependant, tout le jour les oiseaux vont et viennent avec une légèreté facile èomme pour nous instruire et nous narguer. L’air, tout fluide qu’il est, offre des points d’appui pour des propulsions, puisque le condor, comme les moineaux, monte, descend, va à droite et à gauche, vite ou doucement, selon qu’il lui plaît. – L’autre jour, nous lisions dans une feuille publique qu’un Espagnol de Cadix se proposait de partir en ballon de sa ville natale, d’aborder à Madrid au balcon de la reine et d’y baiser la main à Sa Gracieuse Majesté. – Un autre journal affirmait qu’il avait exécuté son programme. C’était un puff, un canard, comme on dit, mais il faut qu’un jour le canard soit une vérité. Le canard, ce paradoxe anecdotique, n’est qu’un fait prématuré. Il raconte ce qui sera. S’il pouvait créer quelque chose de rien, le canard serait un dieu.

Le gouvernement devrait promettre un prix de vingt-cinq millions à celui qui aurait trouvé moyen de diriger les ballons, et subventionner une vingtaine de savants pour faire des expériences dans ce sens. Ce serait de l’argent bien employé ; il faudrait se dépêcher, la chose est urgente on va dépenser un ou deux milliards, peut-être davantage, pour l’achèvement des chemins de fer ; c’est une prodigalité qu’on pourrait s’épargner ; le chemin de fer à côté de l’aérostat n’est qu’une invention grossière et bar-