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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/276

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Il faut supposer que tous les locataires de ces appartements vivent exclusivement de rentes sur le grand-livre et ne s’occupent jamais à rien, car il n’y a pas dans ces logis de lieu spécial pour le travail ; où s’établir pour lire, pour écrire, pour dessiner, pour chiffrer, où serrer ses papiers, ses notes, ses livres, quand on n'a pas sa vie gagnée d’avance, tout ce mobilier du travailleur intellectuel ? Où fera-t-on des affaires sans être troublé à chaque instant ? — Le père de famille n’a pas été prévu plus que l’enfant ; — il faut qu’il s’arrange comme il pourra dans une des chambres à coucher, alourdies par les miasmes nocturnes.

Quant au cabinet de toilette, où sont les robinets d’eau chaude et d’eau froide, les baignoires, les cuves pour les ablutions, les revêtements de faïence qui permettent, comme cela doit-être, de répandre l’eau à torrents ? On est vraiment honteux, pour la propreté parisienne si civilisée, en voyant ces réduits étroits où il y a tout au plus place pour une brosse à dents, un peigne et une cuvette.

Il est vrai que le salon est grand, mais il ne sert à rien ; la plupart des familles bourgeoises donnent très rarement des soirées, ne reçoivent pas, excepté quatre ou cinq familiers qui s’asseyent au foyer de la chambre à coucher, qui n’est pas sacrée chez nous comme en Angleterre. Un meuble recouvert d’une housse qu’on n’enlève pas deux fois par an,