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Page:Gautier - Fusains et eaux-fortes.djvu/289

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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

mery, dans le propre cachot de Ravaillac, où il subit toutes les rigueurs de la prison dure. Il n’en sortit qu’au bout de deux ans, et son arrêt fut commué en exil. Ce fut à Chantilly, chez le duc de Montmorency, son protecteur, qu’il se retira et qu’il mourut à l’âge de trente-six ans.

Les épigrammes licencieuses du Parnasse des poètes satyriques, un des plus grands griefs contre Théophile, et qu’il renia toujours quoiqu’elles portassent son nom, ne nous semblent pas être de lui. On n’en retrouva pas le manuscrit ; mais ce n’est pas cette raison qui nous guide. La facture de ces boutades obscènes, de ces priapées bouffonnes dont aucun poète de ce temps ne se faisait faute et qu’on appelait des gayetées n’a aucun rapport avec celle de Théophile. – Sa manière nette, sèche et nerveuse n’a pas l’embonpoint de ces pièces grasses. – Elles contiennent d’ailleurs des hiatus, des grossièretés de style, des archaïsmes dont il n’était pas capable. – Cette différence est sensible comme celle d’une écriture fine, serrée et propre, à une écriture pochée, lourde et négligente. – Il aurait pu faire des vers licencieux comme Maynard, comme Motin, comme Frenicle, comme Ogier, comme Colletet, comme Racan, mais il n’a pas fait ceux-là, et nous le croyons parfaitement sincère lorsqu’il dit dans sa préface : « On a suborné des imprimeurs pour mettre au jour, en mon nom, des vers sales et profanes qui n’ont