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Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/100

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L’ORIENT.

me promenais aux Eaux douces d’Asie ou je grimpais à l’Acropole, le jour même ou tu tâchais de rendre supportable, à force de traits et de style, l’analyse de quelque imbroglio stupide ; reçois ici mes remercîments pour ce temps de liberté que tu m’as donné.

À peine ai-je eu le temps de jeter là mon fez et mes babouches ; j’ai encore dans les oreilles le tumulte des roues, le râle des machines à vapeur, le claquement du fouet des postillons, et dans les yeux l’éblouissement des levers et des couchers du soleil, des mers et des montagnes, des villes qui se succèdent comme un rêve, découpées sur des horizons de feu ; je ressemble un peu à l’élève de Faust, et mon cerveau tourne comme une meule de moulin. Cependant j’ai couru çà et là, m’informant, m’enquérant partout pour savoir « si l’art en était à un bon point, » et il m’a semblé que l’on s’occupait fort peu de l’art. Les théâtres élevaient des arcs-de-triomphe et cherchaient des devises latines pour l’entrée du prince président, sans le moindre souci des feuilletonistes, privés de