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Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/138

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L’ORIENT.

dité qu’on n’était pas en droit d’attendre de leur piteuse apparence.

La route du Pirée à Athènes est rectiligne : elle raye de sa chaussée poussiéreuse une plaine aride couverte d’herbes desséchées assez semblables à des joncs marins. Au loin, à droite et à gauche, s’étagent des collines montagneuses, brûlées par le soleil et revêtues de ces teintes splendides que prend la terre, sous la lumière des pays chauds, lorsqu’elle est dépouillée de végétation. Ceux qui aiment le paysage épinard ne seraient pas contents de ce site de Thébaïde ; mais moi, qui n’ai pour les arbres qu’un goût très-modéré, trouvant qu’ils altèrent la beauté des lignes et font tache dans les horizons, je fus assez satisfait de la nudité sévère et mélancolique de cette campagne : un désert stérile, blanchâtre et silencieux fait bien à l’entour des villes mortes. Ne seriez-vous pas contrarié d’arriver à Rome, la ville éternelle, en traversant des carrés de choux, de betteraves et de colza ? Le présent doit laisser un espace vague autour de