Aller au contenu

Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
340
L’ORIENT.

que des tatouages et des stigmates de bouse de vache. Chaque caste, sortie d’une partie plus ou moins honorable du corps de Bramah, garde sa hiérarchie inviolable, que la domination anglaise n’a pu altérer. Le brahmine et le tchâtrya, c’est-à-dire le prêtre et le guerrier, sont tout ; les marchands et les laboureurs ne sont rien, même à leurs propres yeux. Aussi voyez avec quelle douce résignation fataliste, demi-nus sous la morsure du soleil, ils labourent avec leurs charrues de bambou, puisent de l’eau à leurs spiccotahs, conduisent leurs chariots primitifs, attelés de bœufs bossus, travaillent courbés dans leurs rizières ou trament, accroupis devant leurs métiers faits de quelques roseaux assujettis, des châles, chefs-d’œuvre de patience et de génie obscur qui font l’admiration de l’Europe savante.

Toute leur misérable vie est racontée naturellement et sans emphase dans ces naïfs petits groupes de terre cuite, Inde complète en miniature. Regardez ces modèles des pagodes de Sheerungum et de Nagasorum,