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Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/96

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L’ORIENT.

allant et Tenant, descendant et remontant, entre-croisant leurs sillages avec une animation joyeuse sous le vol des mouettes et des chasse-vent ; que de fois nous nous sommes arrêté aux Eaux Douces d’Asie, sous les grands frênes, près de la fontaine au toit recourbé, aux délicats filigranes, qui abrite toujours quelque groupe de femmes fumant le narguilé, prenant des sorbets ou mangeant des fruits, pendant que leurs enfants se roulent et s’ébattent à leurs pieds. — Là, les plis du feredgé s’entr’ouvrent, la mousseline du yachmack s’écarte un peu, surtout si l’eunuque a le dos tourné, et l’on voit resplendir de pâles ovales avivés de fard, étinceler des yeux cernés de henné, et s’épanouir des bouches semblables à des grenades pleines de perles. — Les arabas, attelés de grands bœufs au pelage argenté, attendent à l’ombre ; les caïques amarrés à la berge, bercent le sommeil ou le kief des Caïdjis. — À chaque pas, ce sont des tableaux tout faits, auxquels il ne manque que le cadre ; comme on regrette alors de n’être ni Decamps, ni Marilhat, ni Delacroix,