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Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/72

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L’ORIENT.

poignardé sous sa tente par un des sectaires d’Hassan-Sebbah.

Quant à Kèyam, étranger à ces alternatives de guerres, d’intrigues et de révoltes, il vivait tranquille dans son village natal, se livrant avec passion à l’étude de la philosophie des Soufis, les libres penseurs de l’Orient. Entouré d’amis et de disciples, Kèyam cherchait dans le vin cette ivresse extatique qui sépare des choses de la terre et enlève l’âme au sentiment de la réalité. Il se procurait ainsi ce vertige qu’amènent les derviches tourneurs par leurs valses pivotantes où, les bras étendus, la tête renversée, ils semblent s’endormir au milieu de leur fustanelle évasée en cloche ; les derviches hurleurs, par leurs cris forcenés, leurs bonds épileptiques et les coups de couteau dont ils se lardent ; les Hindous, par les effroyables tortures de leurs pénitences ; les mangeurs de hachich et d’opium, par l’ingestion de leurs drogues hallucinantes. Certes, de toutes les manières d’anéantir le corps pour exalter l’esprit, le vin est encore la plus douce, la plus naturelle