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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/191

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HISTOIRE D’UN POËME NATIONAL

Charlemagne[1]. Pour faire connaître les voyages de notre légende, nous n’avons guère eu plus haut qu’à résumer cet excellent livre[2] ; l’éditeur de Roland lui empruntera, comme nous, plus d’une indication précieuse. C’est là le livre d’où date chez nous l’ère de la critique, cette ère si longtemps désirée et qui avait deux ans plus tôt commencé en Allemagne. Dans sa dissertation sur le Faux Turpin[3], M. Paris a établi que cette œuvre étrange est due à deux auteurs dont il a déterminé les dates. Il prépare, lui aussi, une nouvelle édition de ce Roland dont il a si bien éclairé les origines. Il attache à nos refazimenti plus d’importance encore que M. Müller ; il y découvre beaucoup plus d’éléments antiques, et telle est l’idée mère de tout un travail que nous attendons avec une véritable impatience.

L’Introduction de M. d’Avril, dont nous avons déjà parlé, n’est pas seulement une œuvre de vulgarisation : elle contient des pages très-solides sur l’Épopée indo-européenne et les différentes formes qu’elle a reçues dans l’Inde, en Perse, chez les Germains, en France. C’est encore là un bel essai de littérature comparée. Nous osons à peine citer ici les trois volumes des Épopées françaises, où nous avons consacré tant de pages à la Chanson de Roland[4] et qui ont donné lieu à une polémique assez vive. On reprocha vertement à l’auteur d’avoir osé comparer la Chanson de Roland à l’Iliade, et cette témérité faillit

  1. Chez Franck, en 1865, in-8o.
  2. L’œuvre de M. G. Paris, précédée d’une remarquable Introduction sur les origines et la formation de l’Épopée française, se divise en trois parties : I. Les Sources. II. Les Récits. III. Vérité et Poésie. Ce dernier livre n’a guères été qu’ébauché.
  3. De Pseudo Turpino disseruit G. Paris, in-8o. Chez Franck, 1865.
  4. Les Épopées françaises, Étude sur les origines et l’histoire de la littérature nationale, par Léon Gautier (trois forts volumes in-8o, chez V. Palmé, 1865, 1866, 1868). ═ Dans le premier volume, nous avons écrit l’Histoire externe de tous nos poëmes chevaleresques, et avons fait, pour toutes nos Chansons, ce que nous venons de faire ici pour le seul Roland. Dans le second volume, nous avons, d’une part, analysé longuement notre vieux poëme, et, de l’autre, répondu méthodiquement à toutes les questions qui concernent : 1o sa Bibliographie ; 2o ses Éléments historiques ; 3o les Variantes et modifications de sa légende. (II, pp. 377-460.)