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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/243

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LA CHANSON DE ROLAND

Enveloppé de soie d’Alexandrie.
C’est là qu’est assis le Roi maître de toute l’Espagne.
Vingt mille Sarrasins sont autour de lui ;
Mais on n’entend, parmi eux, sonner ni tinter un seul mot,
Tant ils désirent apprendre des nouvelles.
Voici, voici venir Ganelon et Blancandrin.


XXXII


Devant le roi Marsile s’avance Blancandrin,
Qui tient par le poing le comte Ganelon :
« Salut, dit-il, au nom de Mahomet,
« Au nom d’Apollon, dont nous observons la loi sainte.
« Nous avons fait votre message à Charles.
« Il a levé ses deux mains vers le ciel ;
« Il a rendu grâces à son Dieu, et point ne nous a fait d’autre réponse.
« Mais il vous envoie un de ses nobles barons,
« Qui est un très-puissant homme de France.
« C’est par lui que vous saurez si vous aurez la paix ou non.
« — Qu’il parle, dit Marsile ; nous l’écouterons. »


XXXIII


Ganelon, cependant, prend son temps pour réfléchir,
Et commence à parler avec grand art,
Comme celui qui très-bien le sait faire :
« Salut, dit-il au Roi, salut au nom de Dieu,
« De Dieu le glorieux que nous devons adorer.
« Voici ce que vous mande Charlemagne le baron :
« Vous recevrez la sainte loi chrétienne,
« Et Charles vous daignera laisser en fief la moitié de l’Espagne.
« Si vous ne voulez point de cet accord,
« Vous serez pris, garrotté de force,