Aller au contenu

Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
LA CHANSON DE ROLAND

Et, devant Marsile, s’écrie à haute voix :
« À Roncevaux ! j’y veux aller,
« Et si j’y trouve Roland, je le tue. »


LXXII


Il y a là un émir de Balaguer,
Qui a le corps très-beau, le visage fier et clair,
Et qui, sur son cheval,
Est tout glorieux de porter ses armes.
Son courage est renommé ;
S’il était chrétien, ce serait un vrai baron.
Il vient devant Marsile, et, de toute sa voix :
« À Roncevaux ! dit-il ; j’y veux aller ;
« Et si je trouve Roland, il est mort.
« Olivier, les douze Pairs sont morts,
« Et tous les Français y périront dans le deuil et la honte.
« Quant à Charlemagne, il est vieux, il radote ;
« Il renoncera à nous faire la guerre,
« Et l’Espagne nous restera, libre. »
Le roi Marsile l’en remercie.


LXXIII


Il y a là un aumaçor de Mauriane :
Dans toute la terre d’Espagne il n’est pas un tel félon.
Il vient devant Marsile, il fait sa vanterie :
« À Roncevaux ! dit-il ; j’y veux mener mes gens,
« Vingt mille hommes avec lances et écus.
« Si je trouve Roland, je lui garantis la mort ;
« Tous les jours de sa vie, Charlemagne en pleurera. »