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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/325

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LA CHANSON DE ROLAND

Et, en vrai chevalier, il la lui a montrée.
Il en frappe un païen, Justin de Val-Ferrée,
Lui coupe en deux morceaux la tête,
Lui tranche le corps et le haubert brodé,
Avec la bonne selle perlée d’or.
Il tranche aussi l’échine du destrier,
Et abat mort sur le pré le cheval avec le cavalier :
« Ah ! désormais, s’écrie Roland, je vous regarde comme un frère.
« Voilà bien les coups qui nous font aimer de l’Empereur. »
Et de toutes parts on entend crier : « Montjoie ! »


CVIII


Voici sur son cheval Sorel le comte Gerin,
Et son compagnon Gerer sur Passe-Cerf.
Ils leur lâchent les rênes, et d’éperonner vivement.
Tous deux vont frapper le païen Timozel ;
L’un l’atteint à l’écu, l’autre au haubert.
Ils lui brisent leurs deux lances dans le corps
Et l’abattent roide mort au milieu d’un guéret.
Je ne sais point, je n’ai jamais entendu dire
Lequel des deux fut alors le plus rapide...
Espreveris était là, le fils de Borel :
Il meurt de la main d’Engelier de Bordeaux.
Puis l’Archevêque tue Siglorel,
Cet enchanteur qui avait déjà été dans l’enfer
Où Jupiter l’avait conduit par maléfice :
« Nous en voilà délivrés, » dit Turpin.
« — Le misérable est vaincu, répond Roland.
« Frère Olivier, ce sont là les coups que j’aime. »