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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/441

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LA CHANSON DE ROLAND

« Dites donc à votre seigneur de me venir voir ;
« Il a des droits sur la terre d’Espagne ;
« S’il la veut toute avoir, je la lui cède :
« Qu’il se charge seulement de la défendre contre les Français.
« Je pourrai lui donner quelques bons conseils contre Charles,
« Et il l’aura peut-être vaincu avant un mois.
« En attendant, portez-lui les clefs de Saragosse,
« Et dites-lui, s’il me croit, de ne point nous abandonner en s’éloignant d’ici.
« — Vous dites vrai, » répondent les deux messagers.


CXCIX


« L’empereur Charles, dit Marsile,
« M’a tué tous mes hommes, a ravagé toute ma terre,
« Violé et mis en pièces toutes mes cités ;
« Maintenant il campe sur le bord de l’Èbre,
« Et nous ne sommes, je crois, séparés de lui que par sept lieues.
« Dites à l’Émir qu’il amène son armée,
« Dites-lui de ma part de lui livrer bataille. »
Marsile leur met alors aux mains les clefs de Saragosse.
Les deux messagers le saluent,
Prennent congé, s’en retournent.


CC


Ils sont montés à cheval, les deux messagers,
Et sont rapidement sortis de la cité.
Tout effrayés, ils vont trouver l’Émir
Et lui présentent les clefs de Saragosse.
« Eh bien, dit Baligant, qu’avez-vous trouvé là-bas ?
« Où est Marsile, que j’avais mandé ?
« — Il est blessé à mort, dit Clarien.
« L’empereur Charles est passé hier aux défilés ;