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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/461

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LA CHANSON DE ROLAND

De moines, de chanoines et de prêtres tonsurés.
Ils donnent aux morts l’absoute et la bénédiction au nom de Dieu.
On fait ensuite brûler de l’antimoine et de la myrrhe,
Et tous, avec amour, ont encensé les corps.
On les enterre ensuite à grand honneur,
Puis (que pourraient-ils faire de plus ?) les Français les ont laissés.


CCXV


L’Empereur fait mettre l’un à côté de l’autre les corps de Roland,
D’Olivier et de l’archevêque Turpin.
Il les fait ouvrir devant lui ;
On dépose leurs cœurs dans une pièce de soie,
Puis on les met dans des cercueils de marbre blanc.
Ensuite on prend les corps des trois barons,
Et on les enferme en des cuirs de cerf ;
Et, après les avoir bien lavés avec du piment et du vin,
Le Roi donne l’ordre à Thibaut et à Gebouin,
Au comte Milon et à Othon le marquis,
De conduire ces trois corps sur trois voitures
Où ils sont recouverts par un drap de soie de Galaza.


CCXVI


L’empereur Charlemagne se dispose à partir,
Quand tout à coup apparaît à ses yeux l’avant-garde des païens.
Deux messagers se détachent du front de cette armée,
Et, au nom de l’Émir, annoncent la bataille à Charles :
« Roi orgueilleux, tu ne peux plus nous échapper.
« Baligant est là, sur tes traces ;
« L’armée qu’il amène d’Arabie est immense :
« On va bien voir aujourd’hui si tu es vraiment un vaillant. »