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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/545

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LA CHANSON DE ROLAND

Thierry brandit son épée, et l’abat roide mort.
Pour le coup, la victoire est gagnée.
« Dieu a fait un miracle, » s’écrient les Français.
« Maintenant il est juste que Ganelon soit pendu,
« Lui et ses parents qui répondent pour lui. »


CCXCIII


Thierry est vainqueur :
L’empereur Charles arrive,
Et, avec lui, quarante de ses barons,
Le duc Naimes, Ogier de Danemark,
Geoffroi d’Anjou et Guillaume de Blaye.
Le Roi a pris Thierry entre ses bras ;
Il lui essuie le visage avec ses grandes peaux de martre ;
Puis, il les rejette de ses épaules, et on lui en revêt d’autres.
Tout doucement on désarme le chevalier ;
On le fait monter sur une mule d’Arabie,
Et c’est ainsi qu’il s’en revient tout joyeux, le baron.
On arrive à Aix, on descend sur la place.
Alors va commencer le supplice des autres parents de Ganelon.


CCXCIV


Charlemagne appelle ses comtes et ses ducs :
« Quel conseil me donnez-vous sur les otages que j’ai retenus ?
« Ils sont venus au plaid pour Ganelon ;
« Ils se sont portés caution pour Pinabel.
« — Qu’ils meurent, qu’ils meurent tous, » répondent les Français.
Alors le Roi appelle un sien viguier, Basbrun :
« À cet arbre maudit, là-bas, va, pends-les tous.
« Par cette barbe dont les poils sont chenus,
« S’il en échappe un seul, tu es perdu, tu es mort. »