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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/27

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NOTES ET VARIANTES, VERS 38

dedicatio Sancti Michaelis in monte Tumba a rectoribus ecclesiarum devotissime celebretur. Rien n’était plus populaire que cette fête. Quant au nom de « seint Michel del Peril », il ne l’était pas moins. Dans la « Chronique de saint Pierre le Vif » (Spicileg. II, 740), il est question d’un illustre pèlerin qui se rend ad sancti Michaelis Periculum ; et, dans son Supplément à la « Chronique de Sigebert », Robert du Mont, abbé de Saint-Michel, dit que les rois d’Angleterre et de France, Henri II et Louis VII, se rencontrèrent, en 1158, à Avranches, ad montem Sancti Michaelis de Periculo maris. — 3° L’Apparition qui rendit ce lieu célèbre eut lieu en 708, (Mabillon, l. I.) Saint Michel apparut à saint Aubert, onzième évêque d’Avranches, et lui déclara que la volonté de Dieu était de voir une église en l’honneur de l’Archange sur le sommet du rocher de la Tombe (in monte Tumba, et plus tard ad duas Tumbas). L’évêque, incrédule comme saint Thomas, se refusa de croire à cette vision qui se renouvela une deuxième, une troisième fois. Saint Michel, pour punir Aubert, le frappa enfin à la tête ; et, à l’endroit frappé par l’ange, l’évêque aurait gardé toute sa vie « un trou que l’on voit encore à son crâne », dit un hagiographe du xviie siècle, le P. Giry. (Vies des Saints, 8 mai.) Mais Mabillon observe avec raison qu’avant le milieu du xe siècle, il n’est nullement question de ce dernier miracle. Il en cite pour preuve le « Récit d’un anonyme » (publié par lui-même et par les Bollandistes), lequel est antérieur au duc Richard Ier, et qui ne fait aucune allusion à l’évêque miraculeusement frappé. Quoi qu’il en soit, saint Aubert bâtit l’église, où de nombreux miracles ne tardèrent pas à éclater. Les Bollandistes, que nous résumons, parlent longuement de ces miracles et du pèlerinage auquel ils donnèrent lieu. Dès le viiie siècle, ce pèlerinage était un des plus fréquentés de l’Europe, comme l’atteste le moine Bernard dans son Itinéraire. On y mit des moines en 966, au lieu de clercs séculiers, et ce fait a été établi par les auteurs des Acta Sanctorum contre Mabillon, qui avait conservé quelques doutes sur l’exactitude de la date. L’église brûla une première fois sous le règne de Robert. (Glaber, lib. III, c. iii.) Une église nouvelle fut consacrée vers 1023, et de nouveau incendiée en 1112. Ce sont ces incendies, dus à la foudre, qui ont peut-être donné lieu à la légende de nouvelles apparitions du saint Archange sous la forme d’une colonne de feu. Nous n’avons pas à suivre plus loin l’histoire de ce célèbre pèlerinage. ═ Quelle que fût sa célébrité, il joue un trop grand rôle dans notre poëme pour que le poëte ne l’ait pas particulièrement connu.

Vers 38.Recevrez. Mu. Nous écrivons receverez. Le manuscrit d’Oxford, en effet, porte au-dessus du v une abréviation très-connue des paléographes (ủ), et qui supplée ordinairement er. Nous pensons