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Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/33

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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

les autres sources françaises et étrangères, nous allons exposer la « Légende de Charlemagne ». Nous nous arrêterons ici à la grande expédition d’Espagne ; mais, plus tard, dans une dernière note, nous poursuivrons cette « Histoire poétique » jusqu’à la mort du grand Empereur. D’une part, ce sera : Charlemagne avant, et, de l’autre, Charlemagne après Roncevaux. ═ Nous avons dû, pour ce travail, nous servir du tome II de nos Épopées françaises ; mais nous avons pris soin d’adopter ici, avec un tout autre ordre, une forme toute différente et de rectifier un certain nombre d’erreurs. ═ Notre « Légende de Charlemagne » se divisera ainsi qu’il suit : I. Naissance, jeunesse et premiers exploits de Charlemagne. II. Expédition en Italie : Rome délivrée. III. Luttes de l’Empereur contre ses vassaux. IV. Avant la grande expédition d’Espagne. V. L’Espagne. ═ I. Naissance, jeunesse et premiers exploits de Charlemagne. Parmi les légendes relatives à la naissance de Charlemagne, parmi celles du moins qui sont parvenues jusqu’à nous, aucune ne paraît antérieure à la rédaction de la Chanson de Roland. La légende ou plutôt la fable de « Berte aux grands piés » ne s’est point fait jour avant le xiiie siècle, et c’est le poëme d’Adenès qui la mit le plus en lumière... « Berte, fille de Flore, roi de Hongrie et de Blanchefleur, est demandée en mariage par Pépin. (Berte, poëme composé vers 1275, édit. P. Paris, pp. 7-9.) Elle arrive, joyeuse, à Paris ; mais y est tout aussitôt circonvenue par des traîtres. Craignant que son mari ne la tue durant la nuit des noces, elle permet, elle demande à la perfide Aliste de prendre sa place dans le lit nuptial (Ibid., pp. 16-19) ; mais, victime de sa crédulité, la pauvre reine est chassée comme une inconnue, et c’est Aliste qui va longtemps passer pour Berte. (Ibid., pp. 19-26.) On connaît le reste. La véritable reine va, comme Geneviève de Brabant, se réfugier au fond des bois (Ibid., p. 32) ; elle pense y mourir de peur, de froid et de faim (Ibid., pp. 41-52, etc.), et, recueillie par un pauvre voyer, nommé Simon (Ibid., pp. 64-68), elle est, au bout de quelques années, reconnue enfin par son mari (Ibid., pp. 148-153), qui a depuis longtemps découvert la trahison d’Aliste. (Ibid., pp. 88-132.) Quelques mois après, naît Charlemagne. (Ibid., p. 180.) » Telle est la légende, sous sa forme définitive. ═ La « Chronique Saintongeaise » du commencement du xiiie siècle, est la première à en parler. ═ Le Charlemagne de Venise, du xiiie siècle (Mss. fr. de Venise, n° xiii), la reproduit aussi, mais en rattachant la serve Aliste à toute la famille, à toute la « geste des traîtres ». ═ Philippe Mouskes (vers 1240) donne une raison obscène au refus que fait Berte elle-même d’entrer au lit nuptial. ═ La Gran Conquista de Ultramar (fin du xiiie siècle) ne modifie pas la version d’Adenès. ═ Les Reali (vers 1350) et le roman de Berte en prose (Ber-