Aller au contenu

Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
NOTES ET VARIANTES, VERS 194

═ 4° Les débuts de Roland, dans Girars de Viane, sont tout charmants. Il accompagne son oncle au fameux siége de Vienne. Or c’est sous les murs de cette ville qu’un jour il aperçoit pour la première fois la sœur d’Olivier, la belle Aude, et se prend pour elle d’un violent amour. C’est là qu’il s’illustre par ses premiers exploits ; c’est là qu’il veut brutalement enlever Aude, et en est empêché par Olivier (Girars de Viane, éd. P. Tarbé, pp. 90-92.) ; c’est là enfin que les deux partis désarment, pour confier leur querelle à Olivier d’une part, et à Roland de l’autre. (Ibid., pp. 92-186.) On connaît les vicissitudes de ce combat, dont Aude est la spectatrice et dont elle doit être le prix. Roland et Olivier, ne pouvant se vaincre, tombent aux bras l’un de l’autre et se jurent une éternelle amitié. (Ibid., pp. 133-156.) ═ 5° Tout autre est le récit de Renaus de Montauban... (xiiie s.) Les quatre fils Aymon se sont enfermés dans le château de Montauban ; Charles les y assiége en vain, et, comme toujours, le vieux duc Naimes conseille au Roi de faire la paix, lorsque arrive un valet suivi de trente damoiseaux. Il éclate de jeunesse et de beauté : « Je m’appelle Roland, dit-il, et suis fils de votre sœur. — Tue-moi Renaud, » lui répond l’Empereur. Roland, sans plus attendre, se jette sur les Saisnes, qui viennent de se révolter, et en triomphe aisément. C’est alors qu’il revient près de son oncle, et que, dans cette grande lutte contre les fils d’Aymon, il apporte au Roi le précieux secours de sa jeunesse et de son courage. Son duel avec Renaud est des plus touchants. Renaud, qui n’a jamais eu le cœur d’un rebelle, le supplie de le réconcilier avec Charles, et va jusqu’à se mettre aux genoux de Roland qui pleure. (Édition Michelant, p. 230, v. 2 et ss.) Aussi notre héros se refuse-t-il plus tard à tuer de sa main le frère de Renaud, Richard, qui est devenu le prisonnier de Charles : « Suis-je donc l’Antechrist, pour manquer ainsi à ma parole ? Malheur à qui pendra Richard ! » (Ibid., pp. 261-267.) Et il dit encore : « Je ne veux plus m’appeler Roland, mais Richard, et je serai l’ami des fils d’Aymon. » Comme on le voit, rien n’est ici plus beau que le rôle du neveu de Charles : il efface celui de l’Empereur. ═ 6° C’est à Vannes que Girart d’Amiens, dans son Charlemagne (commencement du xive siècle), place les débuts de Roland. L’enfant se jette en furie sur les veneurs de son oncle, qui ne le connaît pas encore. On l’amène devant l’Empereur : nouvelles brutalités. Charles le reconnaît à ce signe, et tout finit bien... (B. N. 778, f° 110-112.) ═ 7° Les Reali di Francia (vers 1350) ne font, dans leur Aspromonte, que reproduire notre poëme en le défigurant et en lui donnant une suite où Girart de Fraite tient la première place. ═ 8° La Karlamagnus Saga, déjà citée, soude entre elles la Chronique de Turpin et Aspremont. ═ 9° Une Chronique manuscrite (B. N. anc. 103075),