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Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/118

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combat mais, cette fois, il se recula en laissant quelques plumes au bec de son antagoniste qui n’avait pas été atteint.

— Bien ! bien ! s’écria-t-on de tous côtés, l’Ergot d’Or débute à merveille ?

Quelques seigneurs s’accroupirent sur leurs talons pour suivre le combat de plus près.

Les oiseaux se rejoignirent une seconde fois. Mais alors on ne vit plus rien qu’un ébouriffement confus de plumes frémissantes, puis le Rival-de-l’Éclair tomba la tête ensanglantée, et l’Ergot-d’Or posa fièrementune de ses pattes sur le corps de son ennemi vaincu.

— Victoire s’écria la Kisaki en frappant l’une contre l’autre ses petites mains couleur de lait. L’Ergot-d’Or est le roi de la journée, c’est à lui que revient le collier d’honneur.

Une des princesses alla chercher un écran de laque noire qui contenait un anneau d’or enrichi de rubis et de grains de corail, et duquel pendait un petit grelot de cristal.

On apporta la vainqueur à la reine qui, prenant l’anneau entre ses doigts, le passa au cou de l’oiseau.

D’autres combats eurent lieu encore mais la Kisaki, singulièrement distraite, y fit à peine attention ; elle prêtait l’oreille aux mille frissons de la forêt, et semblait s’irriter du gazouillement du ruisseau qui l’empêchait de percevoir distinctement un bruit très faible et lointain. C’était peut-être le heurt léger des sabres passés à la ceinture d’un seigneur, l’écrasement du sable des allées sous des pas nombreux, le claquement brusque d’un éventail qu’en ploie et qu’on déploie.

Un insecte, un oiseau qui passait faisaient évanouir ce bruit à peine saisissable.