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Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/150

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jetant une pièce d’argent dans le tronc des aumônes recouvert d’un treillage de bambou.

Il repartit au galop.

Il courut longtemps, s’arrêtant quelquefois pour prêter l’oreille.

Enfin, il entendit des aboiements confus, bien que la rive fût déserte devant ses yeux. Il s’arrêta et regarda de tous côtés.

Les aboiements venaient du côté des montagnes ; on entendait aussi le galop des chevaux confusément.

Tout à coup, sans transition, le bruit éclata sonore, violent. Des chiens noirs débouchèrent d’une étroite gorge entre les collines, bientôt suivis des cavaliers.

Toute la chasse passa devant le jeune homme. Il reconnut la Kisaki au voile de gaze rouge qui flottait autour d’elle. Quelques princesses avaient sur leur poing gauche un faucon encapuchonné ; les seigneurs, penchés en avant, prêts a lancer des flèches, tenaient un grand arc de laque noire.

Comme tous les chasseurs avaient la tête levée et regardaient haut dans le ciel un faucon qui poursuivait une buse, ils passèrent sans apercevoir le jeune guerrier. Celui-ci se mit à galoper à côté d’eux.

Les chiens débusquèrent un faisan, qui s’éleva d’un buisson en criant.

On lâcha un nouveau faucon.

Tout en courant, le guerrier avait cherché parmi les seigneurs le prince de Nagato et s’était approché de lui.

— Arrête, Ivakoura lui cria-t-il, Fidé-Yori m’envoie vers toi.

Le prince tourna la tête avec un tressaillement. Il arrêta son cheval. Ils restèrent en arrière.