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Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/306

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— Le voyage me fera du bien, disait-il, d’ailleurs nous ne sommes plus que soixante, c’est peu pour prendre un royaume, et sur un si petit nombre un homme de plus ou de moins c’est quelque chose.

— Il me faut vingt mille hommes pour marcher contre Toza, dit le prince, je vais les demander au siogoun, tu vois que tu peux te permettre de te reposer.

— Me suis-je mal conduit, que tu veux m’éloigner de ta présence ? dit Raïden.

— Non, brave serviteur, dit le prince en souriant, viens si tu veux, tu t’arrêteras à Osaka si ta blessure te fait souffrir.

— Nous partons tout de suite ? demanda le matelot.

— Es-tu fou ! s’écria le prince, nous avons passé une rude nuit et une journée plus rude encore, tu es blessé et tu ne songes pas à prendre quelque repos ! Je t’avoue que si tu es infatigable, moi, qui suis par nature très-nonchalant, je me sens exténué.

— S’il est permis de dormir je dormirai de bon cœur, dit Raïden en riant, mais s’il avait fallu se remettre en route, j’aurais pu encore me tenir debout.

— Où est Loo ? demanda le prince, je l’ai perdu de vue dans la bataille.

— Il dort dans une maison du rivage, et si profondément que je pourrais le prendre et l’emporter sans qu’il s’en aperçoive. Ce jeune samourai a bien gagné son sommeil, il avait pris le fusil d’un de nos compagnons tombés et on m’a dit qu’il s’est battu comme un démon.

— Il est sans blessure ?

— Par bonheur, il n’a pas une égratignure.

— Eh bien, va le rejoindre et repose-toi ; demain, vers le milieu du jour, nous partirons.