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Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/54

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Une seconde leurs regards se heurtèrent ; mais Nagato ferma ses yeux coupables, et, frissonnant de son audace, attendit le châtiment.

Mais, après un silence, la Kisaki reprit d’une voix tranquille :

— Ta lettre me révèle un secret terrible, et si ce que tu supposes est véritable, la paix du royaume peut être profondément troublée.

— C’est pourquoi, divine sœur du soleil, j’ai eu l’audace de solliciter ton intercession toute-puissante, dit le prince, sans pouvoir maîtriser complètement les frémissements de sa voix. Si tu accèdes à ma prière, si j’obtiens ce que je demande, de grands malheurs peuvent être prévenus.

— Tu le sais, Ivakoura, le céleste mikado est favorable à Hiéyas ; voudra-t-il croire à ce crime dont tu accuses son protégé, et cette accusation, jusqu’à présent secrète, voudras-tu la soutenir publiquement ?

— Je la soutiendrai en face d’Hiéyas lui-même, dit Nagato avec fermeté ; il est l’auteur de l’odieux complot qui a failli coûter la vie à mon jeune maître.

— Cette affirmation mettra ta vie en danger. As-tu songé à cela ?

— Ma vie est peu de chose, dit le prince. D’ailleurs, le seul fait de mon dévouement à Fidé-Yori suffit pour m’attirer la haine du régent. J’ai failli être assassiné par des gens postés par lui, il y a quelques jours en quittant Kioto.

— Quoi prince ! est-ce bien possible ? dit la Kisaki.

— Je ne parle de ce fait sans importance, continua Nagato, que pour te montrer que le crime est familier à cet homme et qu’il veut se défaire de ceux qui entravent son ambition.

— Mais comment as-tu échappé aux meurtriers ?