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Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/101

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ter, et qui contenait peut-être, irritant mystère, le secret de la fuite d’Edith et de Volmerange.

Il cherchait vainement à suivre sur la mince pellicule carbonisée les quelques traces de lettres que le feu n’avait pas fait disparaître ; mais autant eût valu essayer de déchiffrer les hiéroglyphes, et des hiéroglyphes frustes encore.

Le papier brûlé ne donna aucun renseignement, et pourtant il avait dû jouer un rôle important et décisif dans cette nuit fatale ; le soin même qu’on avait mis à le détruire témoignait de sa valeur.

Une grande porte vitrée donnant sur le jardin avait été ouverte, et le sol des allées, inspecté avec soin, montra quelques empreintes à peine appuyées par un pied de femme petit et cambré, car l’orteil et le talon se dessinait seul sur le sable humide. D’autres, plus grandes, plus enfoncées, s’y mêlaient tumultueusement. Elles aboutissaient à une terrasse qui terminait, en saut-de-loup, le jardin, du côté de la rue.

Edith et Volmerange avaient dû sortir par là. Du balcon au sol, la distance était de six à sept pieds. Comment l’avait-il franchie, et quelle supposition pouvait-on faire sur cette fuite inconcevable ? Deux jeunes mariés quitter la chambre nuptiale la première nuit de leurs noces, comme des coupables, sans laisser un mot d’explication ; plonger une mère et un père dans le plus mortel désespoir ; n’était-ce pas affreux !

Lady Harley se rappelait l’air triste et préoccupé d’Edith, les jours qui avaient précédé son mariage, et supposait quelque passion contrariée ; mais Edith n’avait-elle pas affirmé que son cœur