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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/107

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À Behobie, nous frétâmes une barque pour descendre la Bidassoa jusqu’à Fontarabie — un desideratum à remplir dans notre vie de voyages. — Trois fois nous sommes allé en Espagne, et trois fois des exigences de temps et de route nous ont écarté impitoyablement de ce but souhaité. Un charmant tableau de Haffner représentant une rue de Fontarabie avait encore exalté noire désir, qui s’est réalisé enfin. Tout arrive.

Notre embarcation n’avait rien de particulièrement somptueux : c’était un bateau plat à tirer le sable où l’on avait installé des chaises, et que deux jeunes gaillards poussaient à la perche sur l’eau basse du fleuve.

On longea d’abord l’île des Faisans ou de la Conférence, où fut conclu le traité des Pyrénées en 1659. Il ne restera bientôt plus rien de ce morceau de terre historique ; chaque marée en emporte une parcelle.

Les rives du fleuve sont plates et laissent apercevoir dans le lointain les ondulations des montagnes. À mesure que l’on descend, la Bidassoa s’élargit, et l’eau amère se mêle à l’eau douce dans une plus forte proportion. Déjà Fontarabie dessine sa silhouette pittoresquement découpée au sommet de l’éminence qu’elle couvre. Le clocheton bizarre de son église pyramide au-dessus de ses toits de tuile désordonnés et de ses