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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/112

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l’autre rive, en regrettant de ne pas pouvoir boire à sa santé quelques larmes d’or de l’eau-de-vie qui l’a rendue célèbre.

Notre barque nous déposa à Irun. Si jamais vous passez par là, allez à l’église voir un Christ de bois colorié d’une expression vraiment sublime, et regardez, dans un bas-relief assez barbare, du reste, la tête de la sainte Vierge tendant son scapulaire aux âmes du Purgatoire. Par un hasard heureux, l’artiste catholique a rencontré au bout de son ciseau la pure beauté antique. Ce bois peint vaut un marbre grec. Admirez aussi l’éclat sombre du retable tout d’or au fond de l’église obscure. Quand il s’agit de Dieu, l’Espagnol, si avare pour lui-même, est d’une magnificence folle.