Aller au contenu

Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cloîtré. L’on est bien jaloux de la beauté d’un palais. Quel charme dans une vie publique comme celle d’un roi, d’avoir un coin réservé, inconnu !

Pour se faire ouvrir la porte de cette retraite si obstinément murée aux touristes, il faut posséder le Sésame ouvre-toi des contes arabes, et ce mot, on ne le communique pas volontiers. Nous rencontrâmes le bon génie dans un instant favorable, et tout obstacle fut levé.

La Wilhelma n’a rien de remarquable à l’extérieur vous passeriez vingt fois devant sans y jeter les yeux si vous n’étiez pas prévenu que c’est là. Un long mur que dépassent des arbres, — c’est tout. Impossible de soupçonner du dehors un palais ou un château, ou même un simple pavillon derrière ces verdures confusément massées ; on dirait un parc un peu abandonné ou dont le maître est depuis longtemps en voyage. Jamais la maxime de la sagesse « Cache ton bonheur, » ne fut mieux suivie.

Les premiers pas qu’on fait dans l’enceinte mystérieuse ne vous apprennent rien encore ; on marche presque au hasard le long d’allées et de massifs, rideau de végétation qui masque le merveilleux décor, le magnifique palais d’Aladin. Au bout d’un petit sentier, nous débou-