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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/140

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On nous avait dit, en effet, que M. Zanth était malade quand nous visitâmes la Wilhelma, mais nous ne pensions pas apprendre si vite sa mort.

M. Zanth, nous assure-t-on, n’a vu ni Grenade, ni Cordoue, ni Séville, ni le Caire, ni Alep, ni Damas, où se trouvent les plus beaux monuments de l’architecture arabe ; il n’a pas dépassé Palerme, qui conserve, comme on sait, dans quelques édifices, des traces du goût sarrasin. C’est donc par un admirable effort d’intuition qu’il est parvenu à reproduire de toutes pièces un style dont la tradition est perdue, même à son lieu de naissance, et qu’il a pu réaliser en plein Wurtemberg le rêve fantastique du roi. La Wilhelma est, en architecture, un résultat analogue à celui du Divan occidental-oriental de Gœthe : la poésie de l’Orient transportée dans le Nord sous une forme concrète et cristallisée.

Représentez-vous, pour la disposition générale, la cour des Lions grandie huit ou dix fois. Sur trois faces règne une galerie, soutenue par de légères colonnettes, recouverte d’un toit de tuiles cannelées ; autour des colonnettes s’enroulent des plantes grimpantes mêlant leurs feuillages naturels aux feuillages sculptés, et formant un long cloître de verdure et de fleurs d’une élégance extrême. L’autre face est occupée par une ter-