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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/155

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hardie, dont la retombée porte sur un unique pilier de granit rouge d’un seul morceau, dont la base est une fontaine qui déverse l’eau thermale par plusieurs robinets.

En dehors de la Trinkhalle règne un portique propice aux promenades et décoré de seize panneaux à fresque dans le goût de ceux qui ornent les galeries, autour du Jardin royal à Munich. Ces fresques représentent des sujets tirés des traditions locales ; — entre autres, les nymphes du Mummelsee, espèce d’elfes ou de nixes badoises qui habitent un lac sans fond, à la surface duquel elles viennent jouer parmi les nénufars, quand dort le génie aquatique, leur gardien. — Pour les yeux qui ne sont pas habitués à la sauvagerie du coloris allemand, rendu plus choquant encore par le ton de la détrempe, ces fresques n’ont rien d’agréable au premier abord ; mais, quand on s’y arrête, on en sent le mérite et l’on finit par y trouver du charme. La composition a de l’ingéniosité et de la grâce ; mille petits détails naïfs de naturalisme germanique intéressent et font sourire ; il y a même une veine de caricature pittoresque assez remarquable dans les têtes des kobolds, coiffés de leurs chapeaux de feutre, les masques grimaçants que figurent les anfractuosités des roches et les faces de