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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/157

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dence. — Hélas ! tout dégénère ! À l’oiseau se substitue un petit soldat sonnant une fanfare. Tout le cachet est perdu, la niaiserie remplace la naïveté.

Dans les autres boutiques, on trouve des cigares, des agates arborisées, des cristalleries de Baccarat et de Bohème, des jouets de Nuremberg, des cornes de bouquetin, des couteaux à papier et des ouvrages en bois venant de la Suisse.

Maintenant, pour attendre le dîner, remontez en calèche et faites-vous conduire à l’allée de Lichtenthal, une des plus fraîches et des plus charmantes promenades qu’on puisse rêver. La voiture roule sous d’immenses frênes ; l’Oos vous accompagne formant de loin en loin des cascatelles, et de chaque côté du val s’élèvent des pentes boisées de chênes et de sapins, sur lesquelles s’assoient des chalets d’un ton chaud ou des maisonnettes peintes de vives couleurs.

Au retour, entrez dans le restaurant à côté du Kursaal, et tâchez d’obtenir une table près d’une fenêtre ; en mangeant une truite au bleu, votre quille de steinberg-cabinet devant vous, vous voyez passer tout un monde bigarré de toilettes : vous faites sans bouger la revue de l’Angleterre, de la Russie, de l’Amérique, de l’Allemagne, de la Pologne, de la France, de tous