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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/205

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et farouche, qui répond bien à l’idée qu’on se forme de ce vieux palais de la Seigneurie, témoin, depuis le XIIIe siècle, date de sa construction, de tant d’intrigues, de tumultes, d’actions violentes et de crimes. Les créneaux du palais, entaillés carrément, montrent qu’il a été élevé jusqu’à cette hauteur par la faction guelfe ; les créneaux bifurques du beffroi indiquent un revirement et l’arrivée au pouvoir de la faction gibeline. Guelfes et gibelins se détestaient si violemment, qu’ils écrivaient partout leur opinion dans leurs vêtements, dans leur coupe de cheveux, dans leurs armes, dans leur manière de se fortifier : ils ne craignaient rien tant que d’être pris les uns pour les autres et se différenciaient autant qu’ils le pouvaient ; ils avaient un salut particulier à la manière des francs-maçons et des compagnons du Devoir. On peut reconnaître, à ce denticulage caractéristique, dans les vieux palais de Florence, les opinions de leurs anciens propriétaires ; les murs de la ville sont crénelés carrément à la manière guelfe, et la tour sur les remparts, vis-à-vis le chemin du mail, a le créneau gibelin découpé en queue d’aronde.

Sous les arcs qui soutiennent le couronnement du palais sont peintes à fresque les armoiries du peuple, de la commune et de la république de Florence. Après le