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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/208

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du haut de laquelle les magistrats et les agitateurs haranguaient le peuple.

Deux colosses de marbre, l’Hercule tuant Cacus, de Bandinelli, et le David vainqueur de Goliath, de Michel-Ange, montent auprès de la porte leur faction séculaire, comme deux sentinelles que l’on a oublié de relever.

L’Hercule de Bandinelli et le David de Michel-Ange ont été l’objet de critiques et d’admirations qui ne nous paraissent pas fort justes. À notre avis, on a trop déprécié Bandinelli, et trop loué Michel-Ange.

Il y a dans l’Hercule tuant Cacus une fierté hautaine, une énergie féroce, un sentiment grandiose, qui dénote l’artiste de premier ordre ; jamais l’exagération florentine n’a poussé plus loin ses violences ronflantes et ses fanfaronnades d’anatomie. Le col ployé du Cacus et les lacis de muscles qui soulèvent ses épaules monstrueuses montrent une force et une puissance étonnantes, et Michel-Ange lui-même, quand il vit ce morceau moulé séparément, ne put s’empêcher de lui accorder son approbation. Le torse de l’Hercule a été beaucoup critiqué par les artistes et le public du temps. Tous les détails, il est vrai, y sont accusés outre mesure : les deltoïdes, les pectoraux, les attaches mastoï-