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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/227

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têtes, assurément moins belles que les types des peintres de Venise ou de Rome, peuvent produire une impression plus pénétrante et plus durable.

Ces généralités qui souffrent de nombreuses exceptions, car il y a des têtes florentines régulières, sont le résultat d’observations faites dans les rues, dans les théâtres, à l’église, à la promenade ; le visage humain n’est-il pas aussi digne d’attention que l’architecture ? le modèle ne vaut-il pas le tableau, et l’œuvre de Dieu, l’œuvre de l’art ? Et si nous avons regardé trop attentivement quelque belle promeneuse sous le nez, elle n’a pas dû s’en fâcher plus qu’une colonne ou une statue : notre conscience de voyageur sera notre excuse.

L’endroit de Florence le plus favorable à ce genre d’étude, trop souvent oublié par les touristes épris d’antiquité ou d’art, est sans contredit la promenade des Caschines, où, de trois heures à cinq heures, afflue, en boghey, en tilbury, en phaéton, en américaine, en coupé, en landau et surtout en calèche, tout ce que la ville renferme de riche, de noble, d’élégant et même de prétentieux. Sur le fond florentin se dessinent de brillantes excentricités étrangères faciles à reconnaître.