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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/237

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conserve à Florence, malgré un long exil, tout l’esprit et toutes les grâces qui faisaient rechercher ses mercredis de la rue du Mont-Blanc ; nous allâmes la saluer, heureux de trouver un visage ami parmi ces belles inconnues, et les questions voltigèrent à l’envi sur nos lèvres, elle parlant de Paris, nous de Florence.

À propos de Florence, nous nous apercevons que, dans cette galerie de portraits, nous n’avons pas mis de Florentines. C’est qu’il y en a, en effet, très-peu à Florence, et leur figure, dont nous avons essayé d’esquisser le type général, n’a pas cette espèce de beauté théâtrale qui se fait admirer de loin ; nous remarquerons seulement qu’elles portaient alors la taille très-basse et serrée dans des corsets longs d’une structure particulière qui se rapproche beaucoup des anciens corps français ; ce qui imprimait à leurs mouvements une certaine roideur gênée, contraire à la désinvolture italienne. Quelques-unes se font la raie sur le côté comme les hommes ; est-ce une coquetterie locale, ou le besoin de reposer des cheveux fatigués par le peigne ? C’est ce que nous ne saurions décider. Cette bizarrerie inquiète d’abord sans qu’on puisse s’en rendre compte et change beaucoup l’expression de la physionomie ; mais on s’y fait et l’on finit par y trouver une certaine grâce.