Aller au contenu

Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aller d’Irun à Saint-Sébastien, ce n’est pour une locomotive que l’affaire de quelques tours de roue et de quelques flots de fumée. Aussi nous voilà à Saint-Sébastien, dans une gare ornée pour la cérémonie. Des mâts, supportant des écussons blasonnés aux armes des provinces d’Espagne et autour desquels jouent des banderoles jaunes et rouges déroulées par une fraîche brise de mer, forment une sorte d’allée triomphale conduisant à l’estrade de Sa Majesté don François d’Assise et à l’autel où doit officier l’évêque chargé de bénir les deux locomotives, celle d’Espagne et celle de France, venant au-devant l’une de l’autre et se rencontrant pour la première fois. Ces estrades, qui se font face, sont tapissées de magnifiques tentures en velours cramoisi à galons, crépines et torsades d’or ; de petits génies dorés portant des attributs complètent l’ornementation.

Des tribunes disposées de chaque côté de la gare offrent le charmant spectacle de toutes les jolies femmes de la ville et des environs, sans compter celles qui sont venues de Madrid, en brillante toilette où la grâce espagnole se concilie si heureusement avec les exigences de la mode.

Une salve d’artillerie, à laquelle répond le canon des forts répercuté par les échos de la rade, annonce l’ar-