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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/257

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flement de colline les toits rouges, les vieilles maisons et l’église à clocher carré, on accrocha des bœufs au-devant des mules. Seules, ces patientes, bonnes et robustes bêtes pesant de toute la force de leur front sur le joug, peuvent enlever et retenir les voitures, qui, sans leur secours, rouleraient au bas de la montagne comme au bas de montagnes russes.

Les bœufs aiguillonnés, les mules fouaillées parvinrent enfin au plateau culminant, où se reposaient d’autres couples de bœufs, prêts à redescendre pour une autre ascension.

De cette place, si l’on se retourne, on aperçoit un spectacle splendide : les montagnes de la province de Guipuscoa s’étageant les unes derrière les autres avec des couleurs mordorées, violettes, bleues, fumée de pipe.

À partir de là, le pays devient moins pittoresque. La route s’allonge poussiéreuse entre des sites assez tristes et maussades, rencontrant parfois un village chétif et d’aspect ruiné. On est dans la province d’Alava.

Bientôt une longue allée d’arbres se présenta, sillonnée de chars à bœufs, de diligences et de voitures. Une silhouette hérissée de clochers se dessina à l’horizon : c’était Vitoria. Trois heures et demie sonnaient à tous