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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/260

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sacrifice de notre teint était fait, et une couche de haie, en plus ou en moins, sur notre masque fauve comme du cuir de Cordoue ne devait pas avoir grande influence sur nos agréments physiques. D’ailleurs, dans la loge voisine de la nôtre, de jeunes señoras blondes n’avaient d’autre bouclier contre les rayons de l’astre que leur éventail ouvert sur le coin de l’oreille et paraissaient supporter fort stoïquement la chaleur. Dans le fond de cette loge se tenait un curé en costume ecclésiastique. Sans doute, comme la funcion se donnait pour la fête de la sainte Vierge, il croyait devoir y assister. Nous ne nous souvenons pas d’avoir vu un prêtre à aucune des nombreuses courses dont nous avons été témoin. Peut-être notre mémoire nous trompe-t-elle, car personne ne semblait remarquer la présence de celui-ci.

C’était la troisième journée de la funcion, et l’affluence n’était pas moins grande. À part quelques gradins où le soleil versait plus particulièrement ses cuillerées de plomb fondu, le vaste entonnoir, du rebord de la barrière jusqu’au fond des loges, disparaissait sous une foule bigarrée et fourmillante. Un ouragan de bruit s’élevait de ce tumulte de formes et de couleurs ; il y avait là des bérets basques, des sombreros