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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/302

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Tolède, chez qui nous n’avions pu aller mettre notre carte à un second voyage d’Espagne.

Cette fois, nous y sommes transporté par le ferro carril. En 1840, un piquet de chasseurs escortait la diligence et l’on s’arrêtait à Illescas pour faire un assez piteux repas. Le chemin de fer vous mène à la station d’Aranjuez ; un autre railway partant de la même gare vous reprend et vous dépose à Tolède, où il s’arrête après vous avoir fait traverser des campagnes dénudées et médiocrement pittoresques.

Un omnibus vous attend à la descente du chemin de fer. Ô civilisation, ce sont là de tes coups ! Au Romantisme, qui jure par son épée et sa dague de Tolède, tu réponds : « Omnibus ! » et le Romantisme, tout penaud, monte en rechignant dans l’affreux véhicule, paye deux réaux pour, lui et un réal pour sa malle quand il en a une. Mais ne vous effrayez pas trop de ces lamentations. Tolède est une ville rébarbative et farouche qui ne se laissera pas facilement prendre d’assaut par le progrès. Elle est bâtie à 568 mètres au-dessus du niveau de la mer ; sur un rocher dont les sept cimes forment une espèce de plateau tumultueux où l’idée d’aller bâtir ne pouvait naître qu’à ces hommes du moyen âge qui plaçaient leurs logis à côté des aires d’aigle. Le Tage,