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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/310

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Séville tous les ans, expédiait en Amérique des tableaux de sainteté à l’aune, et pour laquelle le grand Murillo lui-même travailla dans sa jeunesse.

L’église qui avoisine le cloître est du gothique fleuri le plus élégant ; une tribune, dont la balustrade ressemble à une vraie dentelle de pierre, circule autour de la nef, s’arrondissant avec les piliers, épousant toutes les saillies et tous les retraits de l’architecture, rompant à propos la hauteur fuselée des colonnes, et formant le plus gracieux et le plus original motif d’ornementation. Le long de la corniche règne une inscription en l’honneur de Ferdinand et d’Isabelle la Catholique. Cet emploi des lettres comme thème de décoration rappelle tout à fait le goût arabe et les légendes de l’Alhambra : des fleurs, des feuillages se mêlent aux caractères gothiques tracés en relief et produisent un effet charmant ; des têtes d’ange, des statuettes, des arcs brodés de fleurons et de crosses, de grands blasons aux armes de Castille et d’Aragon, des nœuds gordiens et des aigles, des chimères héraldiques, complètent cette merveilleuse ornementation.

Nous n’entreprendrons pas dans cette lettre rapide la monographie de la cathédrale, qui demanderait un volume. Ce prodigieux édifice est tout un monde, et