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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/316

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sort de votre temps ; et qui n’a souhaité, par un désir rétrospectif, vivre un instant dans les siècles évanouis ?

Une tartane-omnibus nous conduisit du chemin de fer à la ville, et s’arrêta devant une espèce de parador. Notre principe, en voyage, est d’aller tout de suite à la cathédrale. C’est comme le cœur de la cité, et autour de ce centre se groupent les plus anciennes constructions et se noue l’écheveau des vieilles rues. Au bout de quelques détours, nous arrivâmes, en passant sous l’arcade d’un monument à demi ruiné, portant une longue inscription où se déchiffrait le nom de Sa Majesté Très-Catholique le roi Philippe II, à une place assez vaste, entourée de maisons à portail armorié et de palais qui n’avaient gardé de leur splendeur que les quatre murs et quelques restes d’ornements sculptés. Au milieu de cette place s’élevait la cathédrale, mieux dégagée que ne le sont d’ordinaire les églises du moyen âge. Sa construction primitive date des rois goths ; mais elle a été réédifiée par les ordres du roi Alfonse VI, en 1107, ce qui fait encore un âge fort respectable. Ce qui la distingue, c’est un caractère de sobriété robuste. Ses solides murailles de granit sembleraient pouvoir soutenir encore un siége, et son clocher est crénelé