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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/319

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jour indispensable. Quelques boutiques ont essayé de s’installer dans ces demeures rébarbatives où se lit le sentiment de la défense si dominant au moyen âge ; mais leurs écriteaux semblaient tout honteux et tout dépaysés sur ces murailles habituées aux nobles devises et aux héroïques cris de guerre des armoiries. En dépit de la couleur locale, il faut bien que les habitants d’Avila mangent, boivent, furent, s’habillent, se chaussent, et le touriste enthousiaste doit tolérer qu’il y ait dans la ville un certain nombre de marchands pour leur fournir les denrées de première nécessité. Sachons-leur gré de n’avoir pas arrangé leur ville à la moderne et de ne pas faire venir leurs vêtements de la Belle Jardinière. La grande rue était relativement assez animée, mais bientôt, de ruelle en ruelle, nous tombâmes sur des places vagues, bordées de maisons délabrées et de couvents déserts, où erraient des chiens fauves à mine suspecte. Nous étions arrivés au mur des fortifications. Des chemins de ronde, des escaliers pour le service des créneaux, des retraites pour les hommes d’armes, et mille détails d’architecture guerrière à ravir Viollet-Leduc trouvaient leur place dans l’épaisseur du rempart. Après avoir contemplé tout ce curieux aménagement de dé-