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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/33

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longues heures d’affût sous les huttes de joncs, ni les courses à travers le brouillard qui se résout en bruine pénétrante.

Bientôt le terrain se raffermit et la vapeur reprend le galop ; le temps perdu est vite rattrapé.

Enfin, nous voici à Cherbourg. Le fort du Roule, perché sur une haute montagne dont les flancs escarpés mettent à nu de longues stries granitiques, apparaît dans un ciel joyeux et débarrassé de nuages. À côté, sur une croupe plus basse, s’élève au-dessus d’une tente un gigantesque drapeau aux couleurs d’Angleterre.

La foule descend et se précipite vers ses bagages ; nous, d’un pas plus tranquille, nous nous dirigeons vers le camp de la gare : un véritable camp, ma foi, mamelonné de tentes prêtées obligeamment par l’intendance militaire.

Les limites du camp étaient marquées par une palissade, et des soldats en gardaient l’entrée unique ; précaution nécessaire, car l’enceinte eût bientôt été envahie. Le sol, très-inégal, avait été, quelques jours auparavant, soigneusement nivelé et recouvert d’une épaisse couche de sable. Des rues de tentes portant chacune un nom illustre dans l’histoire, la guerre ou l’industrie, divisaient régulièrement l’espace. Un entrepôt de mar-