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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/342

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du fer, du plomb, du ciment, de la pierre de taille : il y a de tout, excepté de l’eau.

À Paris, c’est une vraie sinécure que l’emploi de fontaine ; cependant celle-ci est si près de la rivière, qu’il eût fallu une mauvaise volonté réelle pour rester à sec : elle aura fort à faire, même avec l’aide de ses sœurs, pour rafraîchir la désolante aridité de ce Sahara de poussière et de bitume fondu où les promeneurs s’engluent et se prennent par les pieds comme les mouches sur du raisiné.

Nous avions déjà fait la rencontre de métiers étranges, — tels que retourneurs d’invalides, promeneurs de chiens convalescents, répétiteurs de perroquets pour les langues mortes, culotteurs de pipes, employés aux trognons ; mais nous ne connaissions pas le marchand d’habits sur place.

Le premier individu de ce genre nous est apparu, vers deux heures après-midi, à l’entrée des Champs-Élysées, du côté du quai de Billy, dans la latitude du restaurant Doyen.

Ce marchand était un gros homme avec une grande figure sculptée en masque de polichinelle, des favoris roux et des yeux de faïence à fleur de tête ; un vrai prototype de Dulcamara et de Fontanarose.