Aller au contenu

Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le laisse à trente sous, parce que c’est jour de fête.

» Passez, messieurs, passez le Jacques savonné (la pièce de trente sous), et remettez l’article à mossieu. Tous les hommes sont frères, et les amis ne sont pas des Turcs ; il faut s’entraider. — Adjugé l’habit !

» Voici un gilet fond blanc à petits bouquets : faites attention à ces fleurs, c’est pis que la nature, tant c’est frais et gentil. — Combien pensez-vous que je le vende ? Trois francs ? Non, messieurs. — Deux francs ? Encore moins ; me prenez-vous pour un fripon, pour un tailleur ? J’ai servi sous l’autre, tel que vous me voyez, et j’ai des principes.

» Ce gilet vaut un franc, et je le vends quinze sous, parce que je gagne sur la quantité. Vive Napoléon, et zut pour les Prussiens ! Adjugé le gilet !

» Dites donc, jeune homme, là-bas ! — Ohé ! jeune homme ! vous êtes indignement culotté, mon cher ! Quel est le cuistre, quel est le sauvage, quel est le feigniant (passez-moi l’expression) qui vous a emmitouflé comme ça les 77 (jambes) ? Avec un physique comme le vôtre, je rougirais de garder un pantalon pareil une minute de plus.

» Tenez, j’ai là précisément votre affaire ; un cuir de laine plein la main, eau du Nil plombée ; — couleur