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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/35

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cessités de l’avenir. Quand le réseau des chemins de fer sera terminé, les peuples qui ne se sont jamais vus se visiteront en masse d’un bout du monde à l’autre, une inauguration de port, l’immersion du canal de Dieppe à Paris, l’achèvement de quelque ouvrage monumental et gigantesque, l’expérience d’une invention nouvelle qu’on ne saurait prévoir, un avènement glorieux, un triomphe, pourront amener le même jour sur un point cent mille visiteurs et peut-être davantage. Chaque ville devra posséder un camp des étrangers, des hôtes, si vous l’aimez mieux, un caravansérail tout prêt à loger la multitude voyageuse que ses murs ne sauraient admettre ; il y aura des greniers et des parcs de réserve pour nourrir ce surcroît de population dont l’arrivée ne causera aucun trouble, aucun souci, aucun embarras, car elle sera devenue un fait normal et prévu.

Tous, dans un avenir prochain, verront les spectacles jadis réservés à quelques-uns, et il faut, dès à présent, s’habituer aux gigantesques développements de la vie future. Sept cent vingt personnes déjeunaient et dînaient dans l’immense baraque de la gare.

Nous n’avons aucune envie de faire le menu des repas, mais qu’on nous permette de rapporter ici quel-