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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/86

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admirable lorsqu’elle était décorée des bannières et des armes des chevaliers, avec le luxe héraldique qui allait si bien à la France féodale !

Le cloître, avec ses deux rangs de colonnettes en granitelle, est un bijou d’architecture gothique ; il subsiste en son entier, ce qui a de quoi surprendre quand on songe combien est frêle et délicate cette double colonnade tout à jour et toute fleurie d’ornements.

L’église en elle-même, quoique charmante, n’a rien qui puisse étonner après les prodiges des cathédrales ; mais, par sa situation au sommet d’une pyramide, dans un bouquet d’édifices d’où elle s’élance comme le pistil d’une fleur centrale, elle produit un effet prestigieux. Par malheur, elle est découronnée de sa flèche étincelante qu’un clocher écimé remplace fort mal. Elle manque aussi de portail, car on ne peut appeler de ce nom la devanture qui bouche ses nefs et qui fut maçonnée sous la première république. Le style de la nef, réduite par le dernier incendie de dix travées à quatre, est roman et remonte à l’an 1020.

Il nous fallut faire l’ascension du clocher, d’où l’on découvre une vue immense et d’une beauté incomparable, et le gardien n’eut pas besoin de nous défendre de nous hasarder sur l’étroite corniche qui le pour-