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Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/97

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rablement porté et digne de l’illustre Montés de Chiclana lui-même. — L’estocade à mete y saca est un coup d’épée raccourci qui consiste à ramener le fer immédiatement après l’avoir enfoncé à demi entre les épaules du taureau ; — ce coup est si rapide, qu’à peine l’œil a le temps de le saisir ; on douterait qu’il eût été porté si le taureau, après avoir vacillé quelques instants sur ses jambes, ne roulait, les quatre sabots en l’air.

Les mules, excitées à grands coups de bâton, entraînent le taureau hors du cirque. La fanfare résonne une autre fois, et le second taureau, nommé Suavo, fait son entrée. Le nom de Suavo pouvait être une antiphrase ; mais l’animal qui le portait justifiait cette douce appellation ; il renonça tout de suite à charger les picadores, et, pour l’exciter, on fut obligé de lui planter des banderilles d’artifice, dont les détonations finirent par l’exaspérer et le mettre en état de se présenter à la mort. El Panadero, la seconde épée, le tua d’un bon vuela-pies. Cette estocade s’emploie avec les taureaux alourdis et qui ne foncent pas franchement sur l’homme : le torero leur fait baisser le mufle avec la muleta, et plante l’épée lorsqu’ils ont la tête basse.

Biscaino, le troisième taureau, était d’un caractère plus décidé : il reçut des picadores cinq coups de lance,