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Page:Gautier - Richard Wagner et son œuvre poétique, 1882.djvu/147

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LE CRÉPUSCULE DES DIEUX
TROISIÈME JOURNÉE

Sous l’ombre nocturne d’un frêne aussi vieux que le monde, les trois nornes filent et tissent les destins des hommes. Leurs regards froids plongent dans l’avenir et n’y voient que détresse et malédiction ; elles se jettent de l’une à l’autre la corde qu’elles tissent sans interruption, depuis le commencement des temps.

Mais tout à coup cette corde se rompt entre leurs mains ! les sombres fileuses, prises d’épouvante, se serrent l’une contre l’autre et descendent vers les entrailles du monde, pour se réfugier près de la savante Erda.

Le jour se lève alors. Siegfried et Brunhilde, appuyés l’un sur l’autre, sortent de la grotte mystérieuse qui abrite leur bonheur.