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Page:Gautier - Richard Wagner et son œuvre poétique, 1882.djvu/187

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acte deuxième

— Ah ! cruel, si tu ne ressens dans ton cœur que les douleurs d’autrui, ressens donc aussi les miennes. Si tu es le Sauveur, pourquoi ne pas t’unir à moi pour mon salut : depuis des éternités je t’attends Oh ! si tu connaissais la malédiction qui, à travers le sommeil et la veille, à travers la mort et la vie, à travers le tourment et le rire, me retrempe sans fin pour la douleur nouvelle. Je le vis, Lui, Lui ! et j’ai ri. Son regard m’atteignit. Depuis, de monde en monde, je cherche ce regard, je veux le rencontrer encore ; au plus fort de la détresse, je crois le voir, je le sens se poser sur moi !

« Alors le rire maudit me reprend. Un pécheur tombe dans mes bras et je ris, je ris : je ne puis pleurer, je ne peux que crier, m’emporter, délirer dans la nuit de la folie toujours renaissante de laquelle la pénitence ne m’éveille même que fugitivement. Lui que j’ai désiré ardemment au milieu de l’agonie. Lui que je reconnais en toi, laisse-moi pleurer sur son sein, une heure seulement m’unira toi et,