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Page:Gautier - Richard Wagner et son œuvre poétique, 1882.djvu/33

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richard wagner

alors à Lucerne, ces articles accompagnés d’une lettre dans laquelle je le priais de vouloir bien m’aider de quelques conseils pour les compléter et les corriger. Je voulais, je crois, les réunir en volume.

J’espérais et j’attendais une réponse avec une angoisse extrême. Viendrait-elle ? je ne pouvais pas le croire, et pourtant je ne pensais qu’à cela ; je n’en dormais plus, et le matin j’avais un serrement de cœur de ce que le courrier n’apportait rien. Un jour, cependant, je vis le timbre de Lucerne sur une enveloppe et une écriture inconnue que je reconnus immédiatement.

Je tins longtemps cette lettre entre mes doigts avant de l’ouvrir ; j’éprouvais une émotion bizarre, une sorte de peur. Comment avais-je osé écrire, avec une étourderie bien française, me fiant à mon seul instinct, sur les œuvres de cet artiste pour lequel j’éprouvais déjà un tel enthousiasme que je me l’imaginais existant seulement à la manière des dieux dans un Olympe inaccessible ?