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Page:Gautier - Richard Wagner et son œuvre poétique, 1882.djvu/54

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richard wagner

avait été souffrant pendant la plus grande partie du voyage, mais qu’il s’était bien gardé d’en rien dire de peur de gâter notre plaisir.

Ce fut avec un véritable chagrin que je pris enfin congé de mes hôtes ; ce qui me consola un peu, ce fut la promesse que l’on me donnerait souvent des nouvelles de Tribschen, promesse qui a été fidèlement tenue.

J’y revins l’année suivante, en 1870. J’étais à Lucerne lorsque la guerre fut déclarée. Il était évident, qu’avec son caractère ardent, Wagner ne pouvait manquer d’être vivement impressionné par les événements. L’idée de l’unité allemande devait le passionner, et j’avoue que je l’aurais moins aimé s’il n’eût pas subi, comme nous tous, dans ces moments de crise, le fanatisme de la patrie.

Il fut convenu pourtant que nous ne toucherions pas aux questions brûlantes sur lesquelles rien ne pouvait nous mettre d’accord ; mais que nous resterions prudemment dans le domaine, de l’art, où nous nous entendions si bien.